En matière de baignade, Pregny-Chambésy nage à contre-courant. Tandis que le Grand Conseil genevois tranchait sans équivoque en septembre dernier en interdisant l’accès différencié aux plans d’eau en fonction du lieu de résidence, la petite commune chic et paisible campe sur ses positions. Sur son site, c’est limpide comme de l’eau de roche : la plage communale, située chemin de la Sentue, reste exclusivement réservée aux habitants, sur présentation d’un badge vendu à la mairie. Le message est clair : si tu n’as pas d’adresse locale, tu restes à la porte.
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Une position qui détonne, voire déraille, à en croire le Département du territoire, qui parle tout simplement de non-respect de la loi. Car oui, selon la législation actuelle, toute discrimination fondée sur le domicile pour accéder à un site de baignade est illégale, qu’il soit public, semi-privé, ou planqué entre deux villas de standing. Peu importe que la commune avance que la parcelle soit une propriété privée du domaine communal : pour les autorités cantonales, cela ne change rien à l’affaire.
Une plage pas assez grande pour accueillir les foules estivales ?
La justification de Pregny-Chambésy ? Une plage minuscule, 700 m² à peine, nichée entre des habitations, que la commune juge trop fragile pour accueillir des foules estivales. En gros, on protège la tranquillité locale au détriment de l’ouverture collective. Une lecture très personnelle de la loi, qui fait tiquer au sein des institutions cantonales. Le Département a d’ailleurs annoncé qu’il se pencherait de très près sur ce cas.
Et pendant que certains ferment la barrière, d’autres communes comme Collonge-Bellerive ou Hermance, elles, jouent la carte de l’accès encadré mais équitable, avec des tarifs d’entrée symboliques pour couvrir les infrastructures mises à disposition. À Pregny-Chambésy, en revanche, c’est ambiance badge VIP, version lacustre.
L’été genevois ne manque pas de plans d’eau, certes, mais cette bataille autour de l’accès aux rives illustre un débat plus large : celui de l’usage collectif versus le repli local. Et dans ce combat, difficile de ne pas entendre le clapotis discret d’un privilège qui a du mal à lâcher prise.
Source : Tribune de Genève